Écrire, s’écrire, se rendre disponible: histoire d’une fétichisation de soi

Un partage de Gabriel Cholette
Les carnets de l’underground, roman paru aux Éditions Triptyque en 2021, sont nés d’un compte Instagram privé et d’une série d’images publiées à l’abri du regard public. Dans ce texte, je retourne à ce geste initial pour y réfléchir au prisme de l’indiscipline et explorer comment je suis devenu écrivain malgré ma formation universitaire plutôt classique, qui vient avec son lot de rigueur. J’écris ce texte pour les personnes qui seraient intéressées par la genèse des Carnets, mais, également, peut-être même surtout, pour ceux et celles qui entament un parcours universitaire et qui s’apprêtent à se conformer aux normes scolaires.

Patience, pouvoir, partage. Fragments indisciplinaires à la croisée des textes désirés, écrits, publiés et abandonnés

Un partage de Nicholas Dawson
Il sera question d’un texte fragmenté qui n’a jamais été publié. C’était un essai littéraire qu’on m’avait invité à écrire pour un dossier dans une revue culturelle, un essai que j’ai eu du plaisir à rédiger et qui, une fois remis aux directeur·rices du dossier, a été accueilli avec enthousiasme, sans suggestions de réécriture parce que, m’avait-on dit, il correspondait parfaitement aux attentes. La commande était simple : une postface à mon livre Désormais, ma demeure, publié quelques semaines à peine avant le début de cette pandémie qui, certainement, a déjoué toutes les attentes. Ce texte parle de cela, de la pandémie qui a déjoué toutes les attentes, dont celles que j’avais à propos de ce livre : la peur, l’angoisse, l’excitation, la déception, les communautés que je souhaitais former, cette crainte de voir mon désir de solidarité se transformer en une profonde solitude. Le titre du texte jouait avec ces clichés, avec la proximité des mots solitaire et solidaire. Je reproduirai donc ici des fragments de ce texte qui n’a pas été publié, justement parce qu’il n’a pas été publié : mon texte correspondait à certaines attentes, spécifiquement à celles des directeur·rices du dossier, mais étrangement pas à d’autres, spécifiquement à celles du comité de rédaction. Si les attentes des un·es étaient précises, celles des autres n’ont jamais été arrêtées.

The Cove—Statement

An artistic exploration by Kristen Lewis, Loumille Métros and Nell Saba
 What, then, was our discipline? Our indiscipline? Our discipline was to keep coming back. To notice. To let this little patch of world in, even as we entered it. The land itself was our discipline, our department, our silo; our disciplinary or indisciplinary home, if only for a season. We would swim, sometimes, in the always-cold ocean. It taught us the gentle discipline of how not to resist. “Let the pain in! Let it in!” We learned how the surface of the skin can melt, a little; the shock-you cold water reminding us that skin is, after all, a fragile, thin membrane—hardly anything at all separating “self” from a world that is not, after all, separate the way our other disciplines, maybe, taught us to think of it as being. 

ZOM-FAM de Kama La Mackerel

Un partage de Mariève Maréchale
ZOM-FAM, dont le titre veut dire homme-femme, personne trans, en créole mauricien, est un livre de poésie d’une grande beauté écrit par l’artiste multidisciplinaire, traducteurice et éducateurice Kama La Mackerel, originaire de l’Île Maurice, et maintenant basé·e à Tio’tia :ke (Montréal).

Mikado d’enfance de Gilles Rozier: lire pour dénouer les fils entrelacés de nos mémoires

Un partage de Cécile Kars
Le hasard a fait que mes grands-parents maternels, tous deux rescapés des camps de la mort, tous deux réfugiés en Autriche après la guerre, se soient installés en 1949 dans une petite ville à l’est de la Lorraine. Ç’aurait pu être l’Amérique, ce fut la Moselle, à une vingtaine de kilomètres du village où vit aujourd’hui ma mère, dans une maison où, ce soir, j’ai lu le dernier livre de Gilles Rozier. […]